loader image

Mon enfant court partout : Comment lui casser les jambes ?

Soufflez, on est là pour décompresser, déculpabiliser d’avoir des mauvaises pensées sur notre enfant agité.

Quand nos enfants nous font péter les plombs, quand ils courent partout, que nous sommes épuisés, sur les rotules, à deux doigts de prendre un aller simple pour l’Argentine avec un simple sac à main, nous imaginons parfois le pire.

Et ça fait du bien, alors déculpabilisez, c’est tout à fait normal.

Petit tour de scénarios que l’on imagine parfois, mais qui heureusement grâce à notre cortex préfrontal, ne voient jamais le jour.

La Cliffhanger

Appelé plus simplement le fil tendu en haut des escaliers.
Avantage : son coût. Vous trouverez facilement de la corde dans n’importe quel magasin de bricolage.

Si vraiment vous êtes limites niveau budget, rabattez vous sur un manche à balai, que vous passerez entre les barreaux de votre escalier.

Modèle

Attention ! Choisissez du pré-étiré, sinon l’élasticité de certaines cordes renverront votre enfant en arrière. Et ici, on ne cherche pas la bosse sur l’occipital, mais bien de l’empêcher de courir partout. On vise les jambes, pas la tête.

Couleur

Pensez également à la couleur lors de votre achat. Il est déterminant qu’il/elle ne-la-voit-pas !
L’effet de surprise est tellement plus marrant. Et puis, avouez que mettre une corde rouge pour annoncer qu’il y a un danger, dans notre cas, c’est un non-sens.

Préparation

Pour réussir votre projet, il faut savoir faire de bons noeuds.
Un raté est si vite arrivé. Il existe beaucoup de très bons tutoriaux sur YouTube, mais je leur reproche de ne pas aborder les noeuds sous notre thématique. Quoi qu’il en soit, les noeuds marins permettant d’attacher un paquebot, je pense qu’ils seront suffisant à votre réussite.

Emplacement

Attention, point important ici aussi. Vous ne devez pas installer votre « boum-j’t’attrape » en haut des escaliers. Ni à la marche d’en bas. On ne cherche pas la bonne blague. Tout est affaire de dosage, comme le tiramisu.

Trop haut, vous risqueriez des dommages plus importants. Sur l’enfant agité, pas sur les escaliers, suivez bon sang. Donc un surcout pour la sécurité sociale et votre mutuelle. Définitivement pas le bon plan.
Trop bas, c’est la grosse rigolade. C’est sympa pour les dimanches en famille, si vous êtes bizarres.
Voilà, vous êtes prêts !

Un petit Noeud pourtant plein d’Amour

Et c’est tout ?

Non. D’autres possibilités ?

Oui, plein.

Je ne les détaillerai pas, mais la vie fourmille de charmantes innovations en terme de nuisance à l’enfant, regardez les faits divers. Alors nous n’iront pas jusqu’à alimenter le manque d’imagination de certain(e)s mais en vrac, nous pouvons citer :

– Les lacets attachés entre eux ;
Combinez cela à la technique précédente : en haut de quelques marches. Vous n’avez pas d’escalier ? Soyez créatif ! Tentez le lors d’une sortie vélo : profitez d’un déraillage pour remettre sa chaine, et attacher les lacets entre eux. En bon parents, aidez à prendre un peu de vitesse pour repartir. Cela devrait faire l’affaire. Cependant, évitez les agglomérations, et préférez les sentiers.

– Le tacle absolument maladroit – mais pleine vitesse – lors du match amical des parents et enfants du quartier. Double Avantage : en plus de la jambe, vous pouvez espérer une aversion du foot également. Merci qui ?

– Le coup de batte est efficace et radical. J’aurai du commencer par là, pour ceux qui n’aiment pas lire, mais qui aiment la douce ambiance moite du milieu carcéral.

Principe de réalité, enfant agité

Ça va, vous allez mieux ?
Vous êtes convaincu(e), vous n’êtes pas seul(e) à élaborer différents scénarios digne d’Hollywood pendant l’espace de quelques secondes.

Revenons donc à de vrais outils, afin de se sortir de ces situations jamais agréables.

Il n’est pas interdit d’inter-rire

Les « vraies » solutions pour l’enfant agité

Bien souvent lorsque votre enfant agité court de partout, qu’il est agité, qu’il ne vous écoute plus, nous nous rassurons en nous murmurant (et en priant) qu’il dormira mieux le soir. Parfois vrai, mais cela n’est pas et ne sera que rarement une solution dans l’instant. Vous devriez plutôt essayer de canaliser cette énergie pure.

Tour d’horizon des différentes solutions dans la réalité, moins brutales, moins drôles aussi, mais qui ont fait leurs preuves.

Tout d’abord cela sera dépendant de l’endroit ou votre enfant est turbulent, vif, ou aussi rapide qu’un Teckel enragé.

Le partage

À mon sens celle qui offre le plus haut taux de réussite.

À la maison ou ailleurs, et alors qu’il/elle saute et court de partout, je vous conseille vivement de partager ce moment avec lui.
Il fait le fou, la folle ? Allez, débranchez, et courez vers lui, même quelques secondes, la surprise fera place au rire et vous aurez plus de poids pour négocier ensemble le calme à venir.
Vous pouvez également danser, faire un duel avec deux rouleaux de sopalin, ou d’autres ustensiles de cuisine.

Non. Évitez les couteaux de cuisine. Vous, vous êtes encore dans le chapitre précédent.

Revenez avec nous, ou allez consulter rapidement.

La diversion

Vous êtes avec du monde, ou occupé(e) à une tache nécessitant concentration ?
Alors lâchez votre activité, vous n’avez rien à faire là ! Vous devez passer ce temps avec votre enfant. Merci la culpabilité des Psys de 1950.
Oubliez ça, je plaisante. Il est fréquent à notre époque d’être dans une situation où nous devons tout de même nous astreindre à des activités d’adultes soumis au patronat…ou à la vie moderne, tout simplement.

Malgré ceci, vous pouvez proposer à l’enfant – de faire la même chose dans sa chambre : c’est à dire déplacer son bordel acoustique dans le lieu qui lui « appartient ».

Mais afin d’augmenter vos chances, je vous conseille de le faire en deux temps.

Premièrement, demandez-lui si vous pouvez lui proposer quelque chose. Obtenir le oui est primordial car il déterminera les chances de réussite du second temps : lui demander d’aller jouer dans sa chambre. Prenez le temps qu’il faut pour obtenir l’approbation lors de votre première demande. Trop souvent nous cherchons à formuler nos requêtes et attendons immédiatement une réponse affirmative de la partt de l’enfant. Sauf que lui/elle, il/elle s’eclate, c’est la teuf dans le salon.

Pensez, oui pensez !

Oui, pensez à votre manière d’exprimer ces deux demandes :

faites « contact » avec lui, en regardant dans les yeux
Parlez calmement, en prenant soin d’abaisser votre volume et votre rythme de parole.
Ajoutez à la demande une aspect excitant ou amusant pour votre enfant : « il faut défendre la maison de « nom-du-méchant qu’il préfère », je crois l’avoir entendu dans ta chambre ! ». Tout est dans l’art de croire vous même à ce jeu. C’est le moment de ressortir vos vieux cours de théâtre.

Cela ne marche pas, il ne veut pas ? Interdisez lui alors d’aller dans votre chambre. Au moins, vous n’interdisez plus le salon, qui devient moins intriguant que votre chambre. Ensuite, faites semblant de ne pas l’avoir entendu y aller.

Si vous avez un jardin, proposez lui d’y aller, et d’appeler le « Mange-Bruit » ce célèbre monstre que je vous présenterai dans un autre article.

Dites-lui simplement que le Mange-Bruit adore le bruit, mais qu’il faut beaucoup lui donner à manger. Ne vous en faites pas, il comprendra très vite le concept.

Préparez des pastilles pour la gorge, ou une alimentation adaptée aux gorges défoncées par les cris.

Notez que si vous avez des voisins, le plus proche risque d’être renommé en « Mange-Bruit » pour les 12 ans à venir s’il se manifeste.

L’anticipation bloquante

Si votre problème se déroule systématiquement au supermarché, envisageons une autre méthode. Avec des cris de jeu, des parties de cache-cache dans les rayons et je passe les autres joyeusetés, le regard des autres peut nous poussez à trouver autre chose. Tout dépend de votre seuil de tolérance à « ce que vous pensez que les autres pensent de vous ». En général d’ailleurs, vous avez tout faux. Nous y reviendrons dans un article sur les pensées d’attribution.

Ceci-dit, le mange-bruit n’est pas conseillé ici, si tant est que vous espérez faire acquérir certains codes sociaux à votre enfant agité. Crier à certaines vertus, se détacher du regard des autres également. Mais mélanger les deux ne donne pas forcément un bon résultat. Pensez à votre croque-monsieur à la Danette, ce n’est pas ce que vous aviez tenté de mieux.

Dites plutôt à votre enfant qu’il aura le droit de jouer à cache-cache au supermarché. Prévoyez un peu plus de temps dans votre planning. Ce sera mieux que de le perdre sur Facebook ou Instagram plus tard dans la journée.

Note : si l’on parle de crise de colère ou de caprice, vous pouvez dans la même veine, de fixer l’endroit dans le supermarché ou il fera sa colère.

Dans les deux cas, en arrivant dans le supermarché, manifestez une réelle envie de jouer à cache-cache ou de voir sa colère habituelle.

– Premièrement, la complicité de quelques minutes de jeu vous feront gagner de précieux point pour négocier la réédition si votre enfant repart en quête de cachettes ;

– Deuxièmement, il est fort probable que votre enfant perde tout attrait à vous mettre la guerre dans le magasin, puisque vous manifestez un intérêt ;

Les missions

Au Supermarché, ou en situation sociale, les missions marchent bien. Elles marchent mieux avec les garçons aussi, mais si vous adaptez bien, vous pourrez rendre les demoiselles adeptes du concept.
Vous les rendrez progressivement plus autonomes et responsables.

Voici quelques exemples concrets de missions, à adapter selon l’enfant agité et vos habitudes de consommation :

– Le compétiteur : « Pourrais-tu trouver la farine dans ce rayon avant moi ? On fait la course ? Le premier à trouver à le droit de choisir les gâteaux pour demain matin. » Laissez le gagner, bien évidemment.

– L’imaginatif : « Ce caddie est un tank rempli de cadeaux pour notre famille. Tu dois le conduire sans qu’il ne touche ni rayons, ni les gens ».

– Le Despote : « Ok Monsieur le Duc, nous devons ramener victuailles pour le château. Guidez-moi dans ce magasin. De quoi avons nous besoin ? ». Laissez parler votre art de la nuance pour accepter régulièrement ses propositions, tout en choisissant le produit que vous êtes venus chercher : « Ce sont des bons gâteaux monsieur le Duc, mais le peuple ne peut pas les payer, nous devrions prendre ceux-ci, que nous connaissons bien, qu’en pensez-vous ? »

Lâcher d’un côté permet d’avoir une marge de négociation/discussion – d’autres parleraient d’autorité – de l’autre côté. Proposez une récompense si la mission est réussie.

Concernant ces récompenses, privilégiez les récompenses sociales, c’est à dire du temps passé avec lui/elle, plutôt que le matériel. Malgré ceci et dans un contexte donné comme ici, quelques entorses peuvent êtres faites, car cela reste dans le raisonnable. N’emmenez pas votre enfant à Disney Land Paris s’il a réussi à ne pas faire de crise au Supermarché !

3, 2, 1, Courrez ! Vivez !

La Conclusion, Papa-Psy

Jetez au loin vos espérances d’un enfant qui reste bien sagement collé à vous, ne vous demandant ni le dernier jouet à la mode, ni des gâteaux ni, ni, ni…bref vous m’avez compris.

L’enfant, plongé dans un supermarché, est stimulé de toute part par des milliers de références, de codes, de couleurs, de personnages, d’odeurs, de saveurs potentielles etc.
La frustration est à chaque rayon, alors que cet enfant serait à même de tester chaque jouet ou gâteau.

Et on peut le comprendre. Nos amis du marketing et du packaging font un super boulot, il faut l’admettre.

Mais que vous soyez ou non d’accord avec la logique consumériste, vous devez être d’accord avec votre enfant : ce monde, il y est invité. Il le découvrira petit à petit, autant qu’il affinera progressivement son point de vue vis-à-vis de toute ces tentations, ou de ses expériences.

Tout offrir, ou tout refuser ne sont assurément pas à notre époque, de bonnes directions à prendre dans l’éducation de nos enfants.

D’autres situations compliqués ou vous observez votre enfant agité et ingérable, en proie à une envie de battre tous les podomètres réunis ?

Laissez-moi un commentaire, discutons…et cela alimentera peut-être un prochain article !

Ah oui, si vous ne gérez pas votre colère face à vos Bambins, je vous renvoie vers « La colère, l’émotion qui fait de vous des mauvais parents ».

Archi-drôle.
Salut !

Cédric Daudon
Cédric Daudon
https://cedric-daudon.com/
Je suis Psychologue Cognitiviste spécialisé dans les phobies d'impulsions, les troubles anxieux, les relations toxiques et les problématiques liées à l'enfance. J'exerce en cabinet et par des thérapies en ligne, grâce à la thérapie Cognitive & Comportementale et à l'EMDR. Je suis également le fondateur des centres thérapeutiques & pluridisciplinaires "Sur un Nuage".

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *